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Cette page résume un article paru dans la presse polonaise. Son but est de créer un lien culturel entre la France et la Pologne.

  Ici on peut écouter sa musique :

       http://www.deezer.com/fr/music/jean-ferrat#music/jean-ferrat

 

      Mon hommage polonais à Jean Ferrat.

Jean Ferrat nous a quittés il y a plus d’un mois, mais les amoureux de son œuvre ne cessent de faire leur pèlerinage jusqu’à sa tombe…Son village adoptif n’est plus le même depuis.

Par quelle valeur artistique s’exprime sa popularité? Il était un troubadour talentueux, celui, qui a bien réussi à archiver notre époque. Je suppose qu’il devait penser en images musicales, comme certains pensent en images tout court. Sa musique est comme une couette pour les mots, elle les réchauffe sans les faire rougir d'un excès d’exaltation. Et puis… se découvrir poète à travers des poèmes de Louis Aragon et nous faire partager tout ça – quelle entreprise émotionnelle ! Donc, la plus grande valeur artistique de son œuvre est sa spontanéité.

Mais cette caractéristique est croisée avec, ce que je définis, comme l’épreuve de la normalité. J’essayerai de présenter son fonctionnement, en décrivant une histoire racontée par Simone Veil, et qui se déroulait juste après son retour des camps de concentration. Un jour Madame Simone Veil est allée chez un coiffeur pour sefaire faire une belle coiffure. L'une des étapes de la procédure consistait à se mettre la tête entière dans un énorme sèche cheveux d’époque, et qui chauffait assez fort. Après une dizaine de minutes quand sa tête est enfin sortie de la coiffeuse, l'on constate qu’une oreille de Simone Veil est fortement brûlée. A t-elle trouvé « normale » cette souffrance ? A t-elle trouvé "anormal" de protester plutôt que de ne rien dire ?

Des personnes éprouvées dans leur entité humaine subissent l’épreuve de la normalité. Certains s’en sortent, d’autres non.

A onze ans Jean Tenenbaum apprenait qu’il était Juif et aussitôt son père a été raflé. Le jeune garçon a survécu grâce aux résistants communistes. La famille a espéré pendant un longue moment le retour du père d’Auschwitz, en vain.

A l’époque on parlait peu des rescapés des camps de concentration; la France libérée cherchait son propre visage. Je pense que Jean Ferrat a réussi à avoir quelques récits provenant de résistants communistes rescapés et que, comme pour eux, le communisme se révélait être le porteur d’espoir pour l’humanité.

Alors la notion de sa propre « normalité » prend l’allure de strates et on ressent tout sauf une certitude au sujet de nous-mêmes, ainsi que sur le monde. "Que la montagne est belle" - une phrase par laquelle le poète nous indique qu’il a abouti à une certitude, qui depuis, guidait ses choix. Mon hommage paraît peut être un peu « fumeux », mais il est écrit par la fille de deux déportés, mes parents. J’ai grandi à côté d’eux en Pologne communiste…De toute façon, ceux qui se nourrissent de la poésie pleurent Le Poète.

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